Hobereau luthérien, député au Landtag (assemblée) de Prusse (1847), il s'oppose à la révolution de 1848. Appelé, en 1862, à la présidence du Conseil par Guillaume Ier, qui ne peut obtenir du Landtag les crédits militaires exigés par la réforme de Moltke, il fait voter ces crédits – qui dotent la Prusse d'une armée modèle – et instaure en Prusse un régime autoritaire.
De 1864 à 1871, Bismarck réalise l'unité allemande, au profit de la Prusse, en plusieurs temps : ayant battu l'Autriche à Sadowa (1866), il l'élimine de la nouvelle confédération germanique (la Confédération de l'Allemagne du Nord) ; remportant une victoire complète dans la guerre franco-allemande, il annexe l'Alsace-Lorraine et fait proclamer à Versailles, le 18 janv. 1871, l'Empire allemand. Chancelier de cet empire et président du Conseil de Prusse, il renforce l'autorité impériale à l'égard des États allemands et impose une unité monétaire, le mark (1873).
Bismarck domine durant vingt ans la scène diplomatique, imposant à l'Europe un système d'alliances fondé sur l'isolement de la France. Pour cela, il s'allie avec les puissances continentales et conservatrices, l'Autriche-Hongrie et la Russie. En Allemagne, son autoritarisme doit compter avec les catholiques, qu'il affronte d'abord brutalement (Kulturkampf), avec les Alsaciens-Lorrains, qui acceptent difficilement d'être sujets allemands ; avec la social-démocratie, qu'il s'efforce de neutraliser par la répression et par l'application d'une législation sociale avancée. Ne pouvant supporter le jeune empereur Guillaume II (1888), Bismarck quitte le pouvoir en 1890.