poésie [pɔezi] 

nom féminin

(lat. poesis, gr. poiêsis, création)

  1. Art de combiner les sonorités, les rythmes, les mots d'une langue pour évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions : La poésie d'Aragon.
  2. Genre poétique : Poésie épique, lyrique.
  3. Œuvre, poème en vers de peu d'étendue : Réciter une poésie (SYN.  poème).
  4. Caractère de ce qui touche la sensibilité, émeut : La poésie d'une nuit d'été.

L'étymologie du mot « poésie » est déjà une interprétation du fait poétique : poiêsis pour les Grecs signifie « création ». Le poète, qui s'est appelé d'abord l'« aède », le chanteur, est considéré comme le créateur, l'artiste par excellence, car il invente en même temps le langage, avec ses figures et son rythme, et l'objet du langage, que doit conserver l'architecture du poème.

La poésie antique trouve ses origines dans la transmission orale, la musique et la danse. Épique (Homère, Virgile), lyrique (Pindare, Horace) ou dramatique (Sophocle), elle est d'abord considérée comme inspirée par les dieux. Elle sera plus tard définie par l'utilisation du vers et des formes fixes élaborées au Moyen Âge par les troubadours, réinventées à la Renaissance (Pétrarque, Ronsard) et codifiées en France au xviie s. (Malherbe).

Si la poésie narrative et didactique domine au xviiie s., le romantisme réinvente un lyrisme où le « je » transcende l'humaine condition (Goethe, Novalis). Le poète devient visionnaire engagé (Hugo), s'ouvre à tous les aspects de la modernité (Baudelaire), se fait « voyant » (Rimbaud), atteint une « surréalité » (Breton).

Portée depuis Mallarmé par un projet radical de refondation de la langue et du monde, s'affranchissant de la métrique (poème en prose), revendiquant la rupture avant-gardiste, la poésie hésite au xxe s. entre engagement (Neruda, Aragon, Éluard, Char) et défi formel (poésie visuelle, poésie sonore), exploration des gouffres (Michaux) et retour à l'objet (Ponge).