livre [livr] 

nom masculin

(lat. liber, propr. « partie vivante de l'écorce » [sur laquelle on écrivait autrefois])

  1. Assemblage de feuilles imprimées et réunies en un volume relié ou broché ; ce volume imprimé considéré du point de vue de son contenu : Ranger ses livres dans sa bibliothèque. Le sujet d'un livre (SYN.  ouvrage).
  2. Subdivision de certains ouvrages : Les dix livres de « la République » de Platon.
  3. Registre sur lequel on inscrit qqch, notamm. des comptes, des opérations commerciales : Livre de comptes.
  4. À livre ouvert, sans préparation ; à la première lecture : Traduire un texte à livre ouvert.

    Livre animé ou livre pop-up, livre dont l'illustration est rendue mobile grâce à divers éléments (tirettes, volets, pliages, etc.) [SYN.  pop-up].

    Livre audio, livre ou texte enregistré sur un support numérique (disque compact, fichier à télécharger) afin de pouvoir être écouté.

    Livre blanc, recueil de documents sur un problème déterminé, publié par un gouvernement ou un organisme.

    Livre d'or, registre sur lequel les visiteurs peuvent apposer leur signature et consigner leurs réflexions : Le livre d'or d'une exposition, d'une réception officielle.

    Livre électronique ou numérique, micro-ordinateur de la taille d'un livre, destiné à l'affichage et à la consultation sur écran de textes et d'images préalablement téléchargés et stockés dans sa mémoire (SYN.  e-book, liseuse) ; version électronique d'un ouvrage, constituant un fichier que l'on peut télécharger et consulter sur ce micro-ordinateur ou un autre support multimédia (téléphone portable, par exemple) [SYN.  e-book].

    Parler comme un livre, parler d'une manière savante.

    MARINE Livre de bord, journal de bord.

Des origines au codex.

La pierre, le bronze, les briques d'argile, les tablettes de bois, l'écorce d'arbre, au fur et à mesure que l'usage de l'écriture se répand, font place à des matériaux plus aisément transportables. Les Égyptiens utilisent des lamelles de la tige de papyrus assemblées en feuilles ; les Chinois adoptent la soie, puis le papier. En Asie Mineure, puis en Grèce, enfin dans le monde romain, on emploie le parchemin de peau de mouton, de chèvre ou de veau, blanchie et polie.

Tous les livres primitifs se présentent sous la forme de rouleaux (volumen) et ne sont écrits que sur une seule face. C'est à l'époque d'Auguste (ier s. apr. J.-C.) que l'on s'avise de découper le parchemin en feuilles, de plier celles-ci et de les coudre par cahiers, pour donner au livre (codex) un aspect rectangulaire.

Les manuscrits du Moyen Âge.

L'usage du rouleau se maintient au Moyen Âge pour des recueils d'actes judiciaires, et, plus tardivement, dans la liturgie juive. Dans le cas du codex, l'écriture est tracée à la main au recto et au verso des feuillets. Suivant les pays ou les époques, elle l'est au moyen de pinceaux, de roseaux ou de plumes, avec des encres de couleurs variées. La décoration, souvent très riche, consiste en lettres ornées, en peintures mêlées au texte ou hors texte. En Occident, les manuscrits sont ordinairement exécutés dans les monastères et, à partir du xiiie s., dans les grands centres universitaires. Il existe aussi des ateliers de copistes et d'enlumineurs qui travaillent pour toute la clientèle privée.

Utilisées en Chine dès le viiie s., la xylographie et l'impression au frotton après encrage se répandent en Europe vers la fin du xive s., en même temps que se généralise l'usage du papier. Ces techniques rendent alors possible la confection de livres de quelques feuillets dont les exemples les plus caractéristiques sont l'Apocalypse et la Bible des pauvres.

L'invention de l'imprimerie.

Tandis que les Chinois se servent de caractères mobiles depuis le xie s., c'est à Gutenberg que l'on attribue l'invention des caractères mobiles en alliage métallique, ou typographie, à Mayence entre 1440 et 1450. Celui-ci adopte aussi la presse et emploie une encre plus grasse. Le plus ancien livre important qui ait été imprimé est une Bible (dite « à quarante-deux lignes », 1455).

Au xvie s., l'imprimerie se diffuse dans les pays slaves, en Amérique et dans l'Inde. Les plus grands artistes (Dürer, Holbein) collaborent à l'illustration. Des imprimeries se fondent, dirigées soit par des savants, soit par de grands hommes d'affaires. Le livre, qui jusque-là propageait surtout la littérature religieuse ou classique, donne une large place aux sciences. Au xviie s. et surtout au xviiie s., afin d'atteindre un public plus étendu, on multiplie les collections de petits formats.

L'ère moderne.

À partir du xixe s., de multiples perfectionnements techniques permettent, sans modifier l'apparence matérielle du livre, d'augmenter considérablement, pour répondre à une demande accrue, les tirages et d'abaisser par conséquent le prix de revient. Dans l'illustration, de nouveaux procédés, telle la lithographie, apparaissent. L'application de la force motrice à la presse, l'emploi du papier végétal, la photographie, puis le développement constant des machines à composer permettent d'accélérer la vitesse du tirage et d'introduire des illustrations notamment dans les magazines de presse écrite, puis d'utiliser la couleur.

Aujourd'hui, malgré la large diffusion du livre de poche (apparu vers 1953), le livre imprimé n'est plus l'unique média de lecture. Le début du xxie s. voit en effet l'essor de nouveaux supports liés au perfectionnement de l'informatique et des micro-ordinateurs. Ainsi, le livre numérique, voire le téléphone portable, permettent de consulter un ouvrage ou un article accessible par téléchargement via Internet. Pratique qui révolutionne non seulement les habitudes de lecture mais aussi l'accès au savoir, tant le livre imprimé a façonné une véritable civilisation, une « Galaxie Gutenberg » pour reprendre le titre de l'essai du sociologue Herbert McLuhan, tout au long de son histoire.