estampe [ɛstɑ̃p] 

nom féminin

(de estamper)

Image imprimée, le plus souvent sur papier, après avoir été gravée sur métal, bois, etc., ou dessinée sur support lithographique.

XVe et XVIe siècles.

Les xylographies (images religieuses avec texte, livres de piété, cartes à jouer, etc., gravés sur bois de fil en taille d'épargne [en relief]) sont répandues au XVe s. dans les pays germaniques, où s'imposent la verve et la technique, en Italie, où domine un souci de beauté formelle, et en France, où ces influences se mêlent. La taille-douce (gravure en creux sur métal obtenue par divers moyens : burin, pointe sèche, eau-forte, plus tard manière noire, aquatinte, vernis mou...) apparaît au milieu du XVe s., et va faire de la gravure un art de la Renaissance. En Italie, à l'orfèvre Maso Finiguerra succèdent Mantegna puis le Parmesan, tandis que Marcantonio Raimondi donne ses lettres de noblesse à la gravure de reproduction (peintures de Raphaël) ; en Allemagne, Schongauer est suivi par Dürer, dont la perfection retentit dans l'œuvre des Altdorfer, Cranach, H. Baldung ; aux Pays-Bas, Lucas de Leyde précède la virtuosité maniériste d'un Hendrick Goltzius. En France, à côté de J. Cousin le Père, de nombreux graveurs, tel Étienne Delaune, diffusent l'art de l'école de Fontainebleau.

XVIIe et XVIIIe siècles.

L'école française s'affirme au XVIIe s. avec les portraitistes comme Robert Nanteuil, le précis et foisonnant Callot (les Misères et malheurs de la guerre, 1633), les interprètes du « grand goût » royal tel Gérard Audran, et au XVIIIe s. avec de nombreux artistes aussi virtuoses dans le portrait et la reproduction (œuvres de Watteau, Chardin, Boucher...) que dans l'illustration d'ouvrages littéraires ou scientifiques (l'Encyclopédie). Dans le même temps, Van Dyck et les graveurs de Rubens en Flandres, Hercules Seghers et Rembrandt en Hollande, puis les Italiens Tiepolo (Caprices, v. 1740) et Piranèse (Prisons, v. 1745) apparaissent comme des figures dominantes. À côté de la gravure néoclassique, à laquelle convient la rigueur du burin, l'eau-forte s'accorde à la violence inquiète de Goya (Caprices, 1799), mais aussi à l'acuité des satiristes anglais (Hogarth, Thomas Rowlandson...).

XIXe siècle.

La lithographie attire les artistes romantiques (Géricault, Delacroix), mais ce sont surtout Daumier, maître de la satire politique et sociale, Toulouse-Lautrec avec ses estampes et affiches en couleurs, Redon avec ses « noirs » mystérieux qui en tirent le meilleur parti. Toutefois, l'eau-forte garde son importance avec Millet, les vues de Paris de Charles Méryon, etc., tandis que l'estampe japonaise influence Degas, Van Gogh, Gauguin et Toulouse-Lautrec par son absence de modelé, son jeu de lignes et de plans. Tout au long du siècle, lithographie et gravure sur bois de bout servent à illustrer journaux et livres.

XXe siècle.

De nos jours, l'estampe est supplantée comme moyen de reproduction par la photographie et appartient surtout, désormais, aux créateurs. Presque tous les artistes importants ont fait appel à sa force d'expression, à son caractère direct, à sa diversité, que ce soit Picasso ou Villon, Rouault ou Chagall, ou encore les expressionnistes allemands. Mais, tandis que la gravure et la lithographie constituent une partie notable de l'œuvre de nombreux peintres (Miró, Hartung, les artistes de Cobra, etc.), qu'un Stanley William Hayter diffuse les procédés (aquatinte en couleurs...) aptes à transmettre la sensibilité de l'art abstrait lyrique, une nouvelle technique, la sérigraphie, se montre particulièrement adaptée aux aplats de couleurs d'un artiste cinétique comme Vasarely ou aux reports photographiques d'un Rauschenberg, d'un Warhol.