Portugal (nom masculin)

État de l'Europe méridionale, dans l'ouest de la péninsule Ibérique, sur l'Atlantique ; 92 000 km2 ; 10 269 417 habitants (Portugais). CAPITALE Lisbonne. LANGUE : portugais. MONNAIE : euro.

GÉOGRAPHIE

Largement ouvert sur l'Atlantique, le Portugal occupe l'extrémité sud-ouest de l'Europe et a l'Espagne pour seul voisin. Son climat devient plus chaud et plus sec du N. au S. et ses reliefs prolongent ceux de la Meseta espagnole ; le socle ancien est modelé en plateaux qui descendent en gradins vers l'Atlantique. Les altitudes les plus élevées sont dans le Nord : près de 2 000 m dans les serras da Lousã et da Estrela. Le pays n'a que le cours inférieur de ses trois grands fleuves : Douro, Tage et Guadiana. Ils fournissent environ la moitié de l'électricité du pays. La population est concentrée surtout dans les régions côtières (sauf dans le Sud, où les densités restent faibles), l'émigration ayant vidé l'intérieur.

L'agriculture, dont la productivité est faible, occupe moins de 7 % des actifs. Les petites exploitations de polyculture (maïs, pomme de terre, vin) du Nord s'opposent à celles du Sud, très étendues (céréales, élevage ovin et bovin). Le pays exporte du vin, des légumes et des fruits, du bois et du liège. Le secteur industriel se développe. Le textile vient en tête, suivi par la confection, la métallurgie, le montage automobile, l'électronique, le travail du cuir et du bois et l'agroalimentaire.

Le tourisme, les envois d'argent des émigrés ne suffisent pas à équilibrer la balance des paiements. Les importations dépassent de loin les exportations, et le pays est endetté. L'entrée du Portugal (1986) dans la CEE a eu un effet dynamisant sur l'économie, qui a cependant été touchée de plein fouet par la crise de la zone euro en 2011.

HISTOIRE

La formation de la nation. Le pays est occupé par des tribus en rapport avec les Phéniciens, les Carthaginois et les Grecs. Au cours du IIe s. av. J.-C., l'ouest de la péninsule Ibérique tente de résister à la conquête romaine. Créée sous Auguste, la province de Lusitanie est envahie au Ve s. apr. J.-C. par les Suèves et les Alains, puis par les Wisigoths, qui s'y installent.

711. Les musulmans conquièrent le pays.

La reconquête de la péninsule par les chrétiens se précise au XIe s. En 1097, Alphonse VI, roi de Castille et de León, confie le comté de Portugal à son gendre, Henri de Bourgogne.

1139-1185. Alphonse Henriques, fils d'Henri de Bourgogne, prend le titre de roi de Portugal après sa victoire d'Ourique sur les Maures (1139) et fait reconnaître l'indépendance du Portugal.

La conquête du Sud, accélérée par la victoire de Las Navas de Tolosa (1212) et achevée en 1249, renforce l'indépendance. Pour assurer le repeuplement du pays, la monarchie accorde des avantages (chartes) à la paysannerie libre et limite le rôle de la noblesse et des ordres religieux. Quant aux juifs et aux morisques, malgré leur rôle économique, ils vivent en marge de la nation, où ils ne subsisteront que jusqu'en 1496. Les derniers rois de la dynastie bourguignonne, en particulier Denis Ier (1279-1325), favorisent l'essor économique du pays et l'orientent vers le commerce maritime.

1383-1385. Une crise dynastique est dénouée par la victoire de Jean Ier d'Aviz, soutenu par la bourgeoisie, sur Jean Ier de Castille, candidat de la noblesse.

L'âge d'or. Le Portugal poursuit au XVe s. et au début du XVIe s. son expansion maritime et joue un grand rôle dans les voyages de découvertes sous l'impulsion d'Henri le Navigateur (1394-1460) et des rois Jean II (1481-1495) et Manuel Ier (1495-1521). Les marins portugais progressent le long des côtes d'Afrique, découvrent Madère (1419), les Açores (1432) et les îles du Cap-Vert (1460).

1487-1488. Bartolomeu Dias double le cap de Bonne-Espérance.

1494. Le traité de Tordesillas établit une ligne de partage entre les possessions extra-européennes de l'Espagne et celles du Portugal.

Le voyage de Vasco de Gama en Inde (1497-1498) ouvre la voie à un empire colonial qui s'étend de la Chine au Brésil. Le Portugal contrôle désormais le commerce des épices, du sucre et des esclaves. La période des découvertes est aussi celle de l'apogée artistique (art manuélin) et littéraire (Camões).

1580. La crise dynastique ouverte par la mort de Sébastien permet à Philippe II d'Espagne de s'emparer du Portugal. Mais la politique du ministre espagnol Olivares et la perte de colonies au profit des Hollandais entraînent en 1640 une révolte qui donne le pouvoir au duc de Bragance, sous le nom de Jean IV. Les difficultés de l'Espagne et la guerre anglo-hollandaise (1652) lui permettent de reprendre le Brésil et les comptoirs africains.

Les crises et le déclin
1668. L'Espagne reconnaît l'indépendance portugaise.

À la fin du XVIIe s., se résignant à l'effondrement de ses positions en Asie et à son recul en Afrique, le Portugal se consacre à l'exploitation du Brésil.

1703. Le traité de Methuen lie économiquement le Portugal et la Grande-Bretagne.

Sous le règne de Jean V (1707-1750), l'or du Brésil ne parvient pas à stimuler l'économie métropolitaine.

1750-1777. Pendant le règne de Joseph Ier, le Portugal, sous l'autorité du marquis de Pombal, connaît un régime de « despotisme éclairé ».

La reconstruction de Lisbonne, détruite par le séisme de 1755, la laïcisation de la vie politique, marquée par l'expulsion des jésuites (1759), accompagnent une politique économique qui favorise d'abord le commerce, puis une ébauche d'industrialisation. Mais la réaction menée par les successeurs de Joseph Ier et l'alliance britannique entraînent le Portugal dans les guerres de la Révolution française et de l'Empire.

1807. Jean VI s'enfuit au Brésil, tandis que les Anglo-Portugais, dirigés par le régent Beresford, luttent jusqu'en 1811 contre les Français, qui ont envahi le pays.

1822. Jean VI (1816-1826) revient à Lisbonne à la demande des Cortes et accepte une Constitution libérale. Son fils aîné, Pierre Ier, se proclame empereur du Brésil, dont l'indépendance est reconnue en 1825.

Au début du siècle, la vie politique est marquée par le conflit dynastique opposant Pierre IV, sa fille Marie II (1826-1853) et son frère Miguel, qui s'était proclamé roi sous le nom de Michel Ier.

1834-1853. La tension politique et les luttes civiles persistent entre chartistes (modérés) et septembristes (radicaux). Après l'établissement du suffrage censitaire, le Portugal connaît sous les rois Pierre V (1853-1861), Louis Ier (1861-1889) et Charles Ier (1889-1908) un véritable régime parlementaire ; le pays tente d'entreprendre sa « régénération » et de reconstituer un empire colonial autour de l'Angola et du Mozambique.

La république
1910-1911. La république est proclamée.

Le gouvernement provisoire décrète la séparation de l'Église et de l'État et accorde le droit de grève. Une grande instabilité politique sévit pendant la Ire République ; de plus, le Portugal ne retire pas d'avantages substantiels de sa participation, aux côtés des Alliés, à la Première Guerre mondiale.

1926. Coup d'État du général Gomes da Costa.

En 1928, Carmona, président de la République, appelle aux Finances Salazar, qui opère un redressement spectaculaire. Le Dr Salazar devient en 1932 président du Conseil. Une nouvelle Constitution (1933) instaure l'État nouveau, qui repose sur l'organisation sociale corporative, le nationalisme et la répression des oppositions. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Portugal reste neutre, puis facilite l'effort de guerre anglo-américain. Après la guerre, les structures sociales et agraires archaïques freinent le développement industriel ; l'émigration s'amplifie. Après avoir perdu ses comptoirs indiens (Goa), le Portugal lutte à partir de 1961 contre les mouvements nationalistes de ses provinces africaines. En 1968, Salazar est remplacé par Marcelo Caetano.

Avr. 1974. Un coup d'État dirigé par le général de Spínola renverse le président Caetano. La junte entreprend une libéralisation du régime (« révolution des œillets »), mettant ainsi fin à 48 ans de dictature. Mais en septembre, sous la pression des forces de gauche, Spínola démissionne. La décolonisation est très rapidement réalisée.

Le Portugal depuis 1974. En 1976, A. Eanes est élu président de la République, tandis que se succèdent les gouvernements de M. Soares (socialiste, 1976-1978 et 1983-1985), Sá Carneiro (centre droit, 1979-1980), F. Pinto Balsemão (social-démocrate, 1981-1983). La nouvelle Constitution (1982) abolit la tutelle des militaires.

1985. Le social-démocrate Aníbal Cavaco Silva devient Premier ministre (reconduit après la victoire de son parti aux élections de 1987 et 1991).

1986. Mário Soares est élu président de la République (réélu en 1991). Le Portugal entre dans la Communauté économique européenne (CEE).

1995. Le parti socialiste remporte les élections ; António Guterres est nommé Premier ministre.

1996. Le socialiste Jorge Sampaio est élu président de la République (réélu en 2001).

2002 À la suite de la démission de A. Guterres, José Manuel Durão Barroso, du parti social-démocrate, devient Premier ministre. (Il laisse ce poste en 2004 pour devenir président de la Commission européenne.)

2005. Après la victoire de son parti aux élections, le socialiste José Sócrates est nommé à la tête du gouvernement (confirmé dans ses fonctions au terme des élections de 2009).

2006. A. Cavaco Silva est élu président de la République.

2011. Il est réélu tandis que le parti social-démocrate remporte les élections législatives. Pedro Passos Coelho devient Premier ministre et durcit le plan de rigueur.

2015. À la tête d'une coalition de gauche, le socialiste António Costa lui succède et poursuit la politique de redressement.

2016. Marcelo Rebelo de Sousa, candidat indépendant, est élu à la présidence de la République (réélu en 2021).