Moine augustin, reçu docteur en théologie en 1512, nommé professeur à l'université de Wittenberg en 1513, il s'adonne à la prière et au travail intellectuel. Dans son Commentaire de l'Épître aux Romains de saint Paul, il met en relief la théologie de la justification par la foi seule, qui sera la doctrine majeure de la Réforme. Scandalisé par le trafic des indulgences, que le pape Léon X vient de relancer au profit de la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, il dénonce, le 31 oct. 1517, cette pratique et son principe même dans ses « 95 thèses », que Léon X condamnera en 1520 dans sa bulle Exsurge Domine. Luther publie alors trois ouvrages qu'on appelle les « grands écrits réformateurs » : le manifeste À la noblesse chrétienne de la nation allemande, la Captivité de Babylone et De la liberté du chrétien, livre dans lequel il formule une conception de l'Église comme communauté invisible, dépouillée de ses institutions et rassemblant ceux-là seuls qui vivent dans la vraie foi. Cité devant la diète impériale, à Worms, en 1521, et refusant de se rétracter, il est mis au ban de l'Empire et ses écrits sont brûlés. Il entreprend alors une traduction de la Bible en allemand (qu'il achèvera en 1534) et, de Wittenberg, il commence à organiser son Église, publie le Petit Catéchisme et le Grand Catéchisme (1529), polémique avec l'humaniste Érasme et confie à Melanchthon la rédaction de la Confession d'Augsbourg (1530), véritable charte doctrinale du luthéranisme. Marié en 1525 avec une ancienne religieuse, dont il aura six enfants, Luther se consacrera jusqu'à sa mort à la prédication et à la consolidation de son œuvre, laquelle, bénéficiant de l'appui des princes allemands unis contre l'empereur dans la ligue de Smalkalde (1531), s'étendra bientôt à travers toute l'Europe.