Mazarin (Jules), en it. Giulio Mazarini

Prélat et homme d'État français (Pescina, Abruzzes, 1602 - Vincennes 1661).

Issu d'une modeste famille sicilienne, officier dans l'armée pontificale, puis diplomate au service du pape, il passe au service de la France (1638) et est naturalisé français (1639). Il devient le principal collaborateur de Richelieu, qui le fait nommer cardinal (1641) bien qu'il ne soit pas prêtre. Richelieu mourant le recommande à Louis XIII et Mazarin devient ministre d'État et chef du Conseil en déc. 1642. Après la mort de Louis XIII (1643), la régente Anne d'Autriche le maintient dans ses fonctions et lui apporte un soutien constant.

Attaché comme Richelieu à l'autorité de l'État, Mazarin préfère l'intrigue à la brusquerie de son prédécesseur. Il doit faire face en 1643 à de multiples problèmes : guerre contre la maison d'Autriche, détresse financière, agitation des nobles, mécontentement populaire. En 1648, il parvient à conclure la paix avec l'Empire germanique par les traités de Westphalie. Mais la Fronde éclate cette même année et Mazarin devient la cible d'attaques virulentes (les mazarinades). Il doit s'exiler en 1651 et 1652, et attend le moment où l'opinion, lasse de l'anarchie, souhaite un pouvoir fort. Alors, après Louis XIV et sa mère, il rentre à Paris (1653), plus puissant que jamais.

Ayant ainsi triomphé de la Fronde, il s'emploie à restaurer l'autorité royale. Il rétablit les intendants, supprimés en 1648, surveille la noblesse, limite les droits du parlement et lutte contre le jansénisme. À l'extérieur, il poursuit la guerre contre l'Espagne et s'allie avec Cromwell (1657-1658). Après la victoire de Turenne aux Dunes (1658), des négociations difficiles s'engagent, conclues par la paix des Pyrénées (1659). Signe de la prépondérance acquise par la France, Mazarin est l'arbitre de la paix du Nord entre les puissances de la Baltique (1660-1661). Mazarin constitue par ailleurs une immense fortune, acquise par des moyens souvent peu avouables. Mécène, il accumule les œuvres littéraires et artistiques dans son palais (auj. Bibliothèque nationale), fonde l'Académie royale de peinture et de sculpture, et introduit en France l'opéra italien. À sa mort, le cardinal laisse à Louis XIV un État restauré et lui lègue en outre une équipe de collaborateurs fidèles (M. Le Tellier, Colbert).