GÉOGRAPHIE
Le milieu naturel et la population. Le Japon se situe au dixième rang dans le monde pour la population, mais au troisième rang dans l'économie mondiale. Pourtant, il ne doit guère sa prospérité aux conditions offertes par le milieu. La montagne domine, les plaines ne couvrant que 16 % du territoire ; la forêt en occupe les deux tiers. Le pays n'est pas à l'abri des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des typhons et raz de marée. Dans le domaine de la mousson, le Japon a des étés chauds et humides, mais l'hiver est rigoureux dans le Nord, enneigé sur le versant ouest. En fait, à peine le quart du territoire est utilisé, si bien que le pays est l'un des plus densément peuplés du monde. Toutefois, en raison de la chute du taux de natalité et du vieillissement de la population (avec une espérance de vie avoisinant 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes), la population diminue. Cette population est fortement urbanisée (à plus de 90 %), avec plusieurs villes qui dépassent le million d'habitants (dont Tokyo, Osaka, Yokohama, Nagoya).
L'économie. L'industrie, moteur de la croissance économique depuis 1950, occupe environ 24 % des actifs. Elle se caractérise, d'une part, par le volume des importations de matières premières et celui des exportations (plus de 80 % de produits manufacturés), et, d'autre part, par la juxtaposition d'énormes sociétés et de multiples petites entreprises (souvent sous-traitantes des premières). Toutes les branches sont représentées, et une recherche active permet la mise sur le marché de produits nouveaux. Le pays occupe le premier ou le deuxième rang mondial dans la sidérurgie, la construction automobile (véhicules utilitaires et motos) et navale, les constructions électriques et électroniques (téléviseurs et lecteurs de DVD), la chimie. L'énergie est importée, le sous-sol donnant très peu de charbon, et le nucléaire, développé, ne fournissant que 20 % de la production totale d'électricité avant la catastrophe de Fukushima en mars 2011.
L'agriculture emploie environ 3,5 % des actifs et satisfait moins de 75 % des besoins nationaux. Le riz demeure, et de loin, la principale culture. L'élevage (bovins et surtout porcins) occupe une place plus modeste, moindre que la pêche, qui est active sur toutes les mers du monde.
Les services occupent désormais plus de 70 % de la population active et représentent 70 % du PIB. Les exportations sont dirigées pour une bonne part vers les autres pays développés (Europe occidentale et surtout États-Unis), qui, en raison d'un protectionnisme déguisé, peinent à pénétrer sur le marché japonais. Mais la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Japon. En outre, une stratégie d'implantation d'établissements industriels (surtout aux États-Unis et dans les pays de l'UE, mais aussi dans les pays du Sud-Est asiatique) est mise en place. Les grands fournisseurs du Japon sont, après la Chine et les États-Unis, l'Australie, la Corée du Sud et les pays pétroliers. La balance des paiements est en partie rééquilibrée par les sorties de capitaux (investissements à l'étranger), destinés en fait à stimuler les exportations. Le Japon, par la structure de son économie, a bénéficié de la mondialisation de l'économie et du développement des échanges. Inversement, il subit les effets d'une succession de crises (crise asiatique de 1997-1998 et, aujourd'hui, crise mondiale de 2007-2008), génératrices de stagnation ou de récession. Pendant longtemps excédentaire, la balance commerciale présente ainsi un déficit depuis 2011. Le pays demeure confronté par ailleurs à de sérieux problèmes intérieurs : déséquilibres régionaux, pollution et montée du malaise social.
HISTOIRE
L'État antique. Selon la tradition, le Japon a été créé en 660 av. J.-C. par l'empereur Jimmu tenno, descendant de la déesse Amaterasu (le Soleil). Mais, en fait, ce n'est qu'à partir du Ve s. de notre ère qu'existe dans l'archipel nippon une confédération de « royaumes », organisés en clans très hiérarchisés. Aux VIe et VIIe s., l'État du Yamato s'impose en adoptant les principes moraux et politiques du bouddhisme (introduit v. 538, date génér. admise comme début de la période historique du Japon) et du confucianisme, venus de Chine.
710-794. Période de Nara, ville où la Cour s'établit.
794-1185. Période de Heian (future Kyoto), où la Cour est désormais installée.
Cette période est marquée par l'affaiblissement progressif du clan des Fujiwara, qui, depuis 858, avaient en main tous les pouvoirs. Deux familles aristocratiques, les Taira et les Minamoto, s'opposent en une lutte acharnée, de laquelle les Minamoto sortent vainqueurs.
Le shogunat
1192. Yoritomo, le chef du clan Minamoto, établit un gouvernement militaire, le shogunat, à Kamakura.
Le gouvernement impérial se maintient, mais sans vrai pouvoir, à Kyoto, l'autorité réelle appartenant au shogun (général) et à son gouvernement.
1205-1333. Le clan des Hojo détient le pouvoir effectif.
Il triomphe des deux invasions mongoles (1274-1281).
1338. Le clan Ashikaga s'empare du shogunat. Le shogunat des Ashikaga (1338-1573), établi à Kyoto, est une période d'anarchie politique au cours de laquelle la puissance croissante des grands daimyo (seigneurs féodaux) et des monastères bouddhiques provoque des luttes internes.
1542. L'archipel japonais est atteint pour la première fois par les Européens (Portugais puis Espagnols). Viennent ensuite les missionnaires catholiques, dont le plus célèbre est François Xavier.
1585-1598. Toyotomi Hideyoshi, Premier ministre de l'empereur, unifie le Japon.
1603-1605. Tokugawa Ieyasu s'installe à Edo (Tokyo), se déclare shogun héréditaire et dote le Japon d'institutions stables. Son accession au pouvoir inaugure la période d'Edo ou des Tokugawa (1603-1867). Le shogunat devient de plus en plus autoritaire. Après la rébellion de 1637, au cours de laquelle les chrétiens sont massacrés, le pays est fermé aux étrangers (sauf aux Chinois et aux Hollandais). Cette époque se caractérise par la montée rapide de la classe des commerçants.
1854. Le Japon est contraint par les armes de signer un accord de commerce avec les États-Unis. Des avantages semblables sont bientôt accordés à d'autres pays, ce qui provoque des mouvements xénophobes.
1867-1868. Le shogunat disparaît. L'empereur Mutsuhito détient seul le pouvoir. Commence alors l'ère Meiji ou « du gouvernement éclairé ».
L'ère Meiji (1868-1912) et l'expansion japonaise jusqu'en 1945. Le nouvel empereur s'installe à Tokyo. Le pays s'ouvre largement à l'influence occidentale.
1889. À l'exemple de l'Occident, une Constitution établit une monarchie parlementaire. La modernisation économique est très rapide. Des associations de marchands et de financiers (zaibatsu) procèdent à l'électrification de l'archipel, créent un réseau de voies ferrées et édifient de grandes industries. À l'extérieur, le Japon pratique une politique d'expansion.
1894-1895. Après une guerre victorieuse contre la Chine, le Japon annexe Formose (auj. Taïwan).
1904-1905. Guerre russo-japonaise. Le traité de Portsmouth (1905) qui met fin à cette guerre permet aux Japonais de s'installer en Corée, annexée en 1910, et leur donne la souveraineté sur une partie de l'île de Sakhaline ainsi que des droits sur la Mandchourie.
1912. Début du règne de l'empereur Taisho. Durant la Première Guerre mondiale, le Japon se range aux côtés des Alliés.
1919. Le traité de Versailles octroie au Japon un mandat sur les anciennes possessions allemandes en Extrême-Orient. Les années de guerre ont donné une grande impulsion à l'industrie et au commerce japonais.
1926. Hirohito, empereur, renforce le pouvoir central.
1931-1932. L'extrême droite nationaliste fait occuper toute la Mandchourie.
1937-1938. Le Japon occupe le nord-est de la Chine.
1940. Il signe le traité tripartite avec l'Allemagne et l'Italie. La Seconde Guerre mondiale lui permet de mettre pleinement en œuvre sa politique d'expansion.
Déc. 1941. L'aviation japonaise attaque la flotte américaine à Pearl Harbor.
1942. Les Japonais sont les maîtres du Sud-Est asiatique et d'une partie du Pacifique.
Août 1945. Les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki contraignent le Japon à capituler.
Le Japon depuis la guerre. Le général MacArthur, commandant en chef des troupes d'occupation, impose au Japon, resté fidèle à l'empereur, une Constitution parlementaire (1946) et entreprend la démocratisation du pays.
1951. Le traité de paix de San Francisco redonne au Japon sa pleine souveraineté. Sur le plan intérieur, le gouvernement est dominé par le parti libéral-démocrate (PLD, conservateur). Sur le plan extérieur, l'entrée à l'ONU (1956), le traité d'alliance militaire nippo-américain (1960) et le traité de paix et d'amitié avec la Chine (1978) renforcent la position du Japon dans le monde, qui devient une puissance économique de tout premier plan.
1982-1987. Nakasone Yasuhiro, Premier ministre, libéralise l'économie et pratique une politique favorable à un renouveau du nationalisme.
1989. À la mort de Hirohito, son fils Akihito lui succède.
1993. Les scandales politiques et le ralentissement de la croissance favorisent l'accès de l'opposition au pouvoir.
1994. Le PLD retrouve sa position dominante.
2001. Koizumi Junichiro devient président du PLD et Premier ministre (confirmé dans ses fonctions au terme des élections de 2003 et de 2005).
2006. Il se retire. Se succèdent alors à la tête du parti et du gouvernement Abe Shinzo (2006-2007), Fukuda Yasuo (2007-2008), puis Aso Taro (2008-2009).
2009. Défaite historique du PLD et victoire du parti démocrate du Japon (PDJ, centre gauche).
2011. Un fort séisme provoque un accident nucléaire majeur dans la centrale de Fukushima-Daiichi. L'abandon de cette source d'énergie est évoqué.
2012. Après avoir remporté la majorité absolue aux élections législatives anticipées, le PLD retrouve le pouvoir. Abe Shinzo redevient Premier ministre. Reconduit en 2014, il tente de sortir le Japon de la stagnation.
2019. Après le vote d'une loi l'y autorisant, l'empereur Akihito abdique ; son fils Naruhito devient empereur le 1er mai.
2020-2021. Abe Shinzo démissionne pour raisons de santé ; Suga Yoshihide, puis Kishida Fumio, du même parti, lui succèdent.