Formé en partie par la filière académique, mais surtout par les œuvres étudiées au Louvre, en Hollande, en Allemagne, en Italie, marqué par Velázquez et Hals, il se montre bientôt plus préoccupé par la transposition picturale de ce qu'il voit et par l'authenticité de la sensation que par le sujet. Critique et public sont choqués non seulement par la modernité de ses thèmes, mais aussi par son modelé plat, ses oppositions de noirs et de couleurs claires, et sa liberté de touche. Le Salon refuse des œuvres qui, comme le Déjeuner sur l'herbe (1863, musée d'Orsay) ou le Fifre (1866, ibid.) – Olympia (ibid.), elle, est acceptée en 1865 –, vont faire de l'artiste, contre son gré, un révolutionnaire et le chef de file des jeunes impressionnistes. S'il se rapproche de ceux-ci par son souci de la lumière de plein air et par le travail sur le motif (Argenteuil, 1874, Tournai), Manet ne s'engage pas sur la voie du morcellement de la touche colorée. De l'impressionnisme, il retient une palette plus claire (Monet sur son bateau-atelier, 1874, Munich), une vie plus frémissante (Un bar aux Folies-Bergère, 1882, Institut Courtauld, Londres).