policier, policière [pɔlisje, -ɛr] 

adjectif

(de 1. police)

  1. De la police, relatif à la police : Une enquête policière.
  2. Qui s'appuie sur la police : Régime, État policier.
  3. Film, roman policier, dont l'intrigue repose sur une enquête criminelle.

policier, policière

nom

Membre de la police.

Le roman policier.

C'est une création du XIXe s., dont les précurseurs sont l'Américain Edgar Allan Poe (le Double Assassinat de la rue Morgue, la Lettre volée) et le Français Émile Gaboriau (Monsieur Lecoq), qui campent le type du détective et du policier professionnels. Le genre du roman policier, jeu d'esprit fondé sur une énigme à résoudre, se constitue définitivement avec le Britannique Conan Doyle (les Aventures de Sherlock Holmes, 1892). Il se développe en France avec M. Leblanc, G. Leroux, G. Le Rouge. Après 1914, des collections de littérature policière sont lancées (« Le Masque »). Deux histoires se suivent : celle du crime et celle de l'enquête, menée par un détective (H. Poirot chez A. Christie) ou par un policier (Maigret chez Simenon).

Aux États-Unis, à partir des années 1920, se développe un type d'histoires criminelles plus proche de la réalité sociale, où le héros se bat pour le respect de certaines valeurs morales, contre le gangstérisme, la corruption politique (Sam Spade chez D. Hammet, Philip Marlowe chez R. Chandler). Le mystère à élucider est remplacé par le suspense. À la curiosité est substituée l'étude d'un milieu représenté : ghettos noirs chez C. Himes, laissés-pour-compte et personnages malchanceux chez W. Irish, D. Goodis, J. Thompson.

En France, après la découverte du roman noir américain, traduit dans la collection « Série noire », et sous l'influence du cinéma, le genre révèle une prédilection pour le social (Léo Malet, G. J. Arnaud). La fin des années 1970 marque la vogue du « néo-polar » avec J. Vautrin, J.-P. Manchette, D. Daeninckx. Depuis, le genre policier se révèle un genre propice aux interprétations les plus variées, de l'humour (D. Pennac) à la parodie (F. Dard), du suspense (Boileau-Narcejac) à l'horreur (P. Highsmith), de l'espionnage (J. Le Carré) à la violence (J. Ellroy, S. Larsson, H. Mankell) et à la psychologie (P. D. James, F. Vargas).

Le film policier.

Puisant bien souvent son inspiration dans le roman policier, le film policier apparaît dès l'aube du cinéma. Mais c'est aux États-Unis, à l'époque de la prohibition, que se constituent les deux courants principaux : le film de gangsters et le film noir.

J. von Sternberg, avec les Nuits de Chicago (1927), pose les bases du premier genre, faisant entrer le gangster dans la mythologie hollywoodienne : nouveau type de héros, mais aussi nouvelle thématique fondée sur la corruption et la violence. Ce genre triomphera à l'avènement du parlant (Little Caesar de M. LeRoy, 1931 ; Scarface de H. Hawks, 1932).

J. Huston inaugure, en 1941, avec le Faucon maltais, le film noir, inspiré du roman noir américain (D. Hammett, R. Chandler), dont le héros, le détective privé, être hybride entre le gangster et le policier, sera personnifié par Humphrey Bogart. Le personnage évolue dans une atmosphère d'intrigues complexes, où la violence est insidieuse, la culpabilité diffuse et la menace constante.

Le film policier se caractérise aussi par la présence de la femme fatale (incarnée par Rita Hayworth, Ava Gardner ou encore Gene Tierney) et du cadre de la ville, l'autre héroïne du genre.

Miroir trouble des contradictions et des hantises du XXe s., ce genre a inspiré de nombreux réalisateurs, aux États-Unis (A. Hitchcock, F. Lang, B. Wilder, O. Preminger, J. Dassin, R. Walsh, O. Welles) comme en Europe (J.-L. Godard, F. Truffaut, L. Malle, C. Chabrol, R. Polanski, W. Wenders).