fantastique [fɑ̃tastik] 

adjectif

(lat. fantasticus, gr. phantastikos, qui concerne l'imagination)

  1. Créé par l'imagination : La licorne est un animal fantastique (SYN.  chimérique, surnaturel).
  2. Qui utilise le fantastique comme mode d'expression, en littérature et dans les arts : Conte fantastique.
  3. Extraordinaire, incroyable : Idée fantastique (SYN.  inimaginable, inouï).

fantastique

nom masculin

Forme artistique et littéraire qui reprend les éléments traditionnels du merveilleux et qui met en évidence l'irruption de l'irrationnel dans la vie individuelle ou collective.

LITTÉRATURE

Le genre fantastique se caractérise par la mise en scène d'une réalité quotidienne brutalement déchirée par des manifestations surnaturelles inquiétantes et qui demeurent mystérieuses.

Plongeant aux sources du « merveilleux » et des « histoires prodigieuses » des siècles anciens, le genre fantastique apparaît vers 1770, à contre-pied de l'esprit rationaliste des Lumières, avec les textes fondateurs de Cazotte (le Diable amoureux), Beckford (Vathek), Potocki (Manuscrit trouvé à Saragosse) et Walpole (le Château d'Otrante).

En quelques années, le genre s'épanouit en Angleterre avec le roman noir (Ann Radcliffe : les Mystères d'Udolphe, 1794 ; M. G. Lewis : le Moine, 1796) et en Allemagne, où l'intérêt pour les « Märchen », les anciens contes germaniques (Brentano, Arnim), débouche sur l'œuvre de E. T. A. Hoffmann (Contes des frères Sérapion, 1819-1821).

À travers ce dernier, le goût du fantastique touche les romantiques et gagne toute la littérature occidentale : citons en France Nodier, fondateur de l'« école frénétique » en 1820, Hugo, Balzac (la Peau de chagrin, 1831), Gautier (la Morte amoureuse, 1836), Mérimée (la Vénus d'Ille, 1837) et Maupassant (le Horla, 1887) ; en Russie, Gogol (les Veillées du hameau, 1831) ; aux États-Unis, Hawthorne (la Maison aux sept pignons, 1851) et surtout Edgar Allan Poe (Histoires extraordinaires, 1840). Parallèlement, la révolution industrielle et le progrès de la science donnent au fantastique de nouvelles sources d'inspiration, du Frankenstein (1818) de Mary Shelley au Docteur Jekyll et Mister Hyde (1886) de Stevenson.

Le climat « fin de siècle » est encore favorable au genre, avec Oscar Wilde (le Portrait de Dorian Gray, 1891), Bram Stoker (Dracula, 1897), Henry James (le Tour d'écrou, 1898) ou Gustav Meyrink (le Golem, 1915).

Le fantastique connaît un regain dans l'Allemagne expressionniste des années 1920, puis autour de Lovecraft (le Cauchemar d'Innsmouth, 1936) et de la revue Weird Tales (1923-1954) aux États-Unis.

L'« inquiétante étrangeté » (das Unheimliche), caractéristique, selon Freud, du fantastique, semble d'abord mise à mal par l'effort de clarification inhérent à la psychanalyse, mais elle resurgit avec une force renouvelée dans les œuvres de Kafka (la Métamorphose, 1915), Borges (Fictions, 1944 ; le Livre de sable, 1975) ou plus récemment Murakami Haruki (1Q84, trilogie, 2009-2010).

CINÉMA

Le fantastique au cinéma est un genre difficile à cerner car il se démarque mal des genres voisins comme l'horreur ou l'épouvante, le trait commun de ces divers courants étant toujours un déséquilibre ou une transgression du réel. Il puise son inspiration dans la littérature ou dans la tradition populaire (légendes historiques, monstres, vampires, voyage au-delà de la mort) ou génère ses propres mythes (King Kong). Mais, si ses pères sont français (G. Méliès) et allemands ou autrichiens (F. Lang, P. Leni, F. W. Murnau), le fantastique s'est structuré et épanoui à Hollywood à partir des années 1930 avec notamment T. Browning (Dracula, 1931), J. Whale (Frankenstein, 1931), E. B. Schoedsack et M. C. Cooper (King Kong, 1933) ainsi que J. Tourneur (la Féline, 1942). Au début des années 1960, alors que ce genre ne connaît plus que quelques succès, R. Corman s'impose avec la Tombe de Ligeia et sera bientôt imité par d'autres réalisateurs. À la même époque, en Grande-Bretagne, la Hammer Film donne un nouvel essor à ce genre en introduisant la couleur. Vers le début des années 1970, l'énorme succès du film de R. Polanski, Rosemary's Baby (1968), suscite une vague d'œuvres influencées par le satanisme (l'Exorciste, W. Friedkin ; Shining, S. Kubrick) et qui tendront de plus en plus vers l'épouvante et l'horreur. Enfin sont apparus des cinéastes tels que S. Spielberg (les Dents de la mer, 1975 ; E.T., l'extraterrestre, 1982), J. Carpenter (Halloween : la Nuit des masques, 1978 ; The Thing, 1982) et D. Cronenberg (la Mouche, 1986 ; Spider, 2002), qui reviennent aux sources du genre, aidés parfois par les effets spéciaux. Les images de synthèse et la technique de la 3D ont donné un élan neuf à ce style : la trilogie du Seigneur des anneaux, P. Jackson, 2001-2003 ; Avatar, J. Cameron, 2009. Le genre a, en France, son festival annuel, à Gérardmer (après Avoriaz, de 1973 à 1993).