dada [dada]

nom masculin

(de 1. dada)

Dénomination adoptée en 1916 par un groupe d'artistes et d'écrivains insurgés contre l'absurdité de leur époque et résolus à remettre en question tous les modes d'expression traditionnels.

En réaction contre la violence et l'absurdité de la guerre de 1914-1918, la révolte culturelle européenne dada manifeste une jubilation de la vie qui se caractérise par la provocation et la dérision. Le mot « dada » est ainsi trouvé au hasard, en tournant les pages d'un dictionnaire. Faire de cette onomatopée enfantine le symbole du mouvement, c'est annoncer une volonté essentiellement ludique. Mais la dérision dada est plus profonde qu'un simple jeu d'enfant. En effet, avec un goût affiché pour le canular s'affirme la volonté de faire table rase des conventions de tous ordres.

Cette contestation se manifeste par la truculence provocatrice et la moquerie, souvent au cours de manifestations publiques. Ses principaux foyers sont : Zurich (1915-1919), avec notamment Tzara, Arp, les poètes allemands Hugo Ball et Richard Huelsenbeck, le peintre roumain Marcel Janco, le peintre et cinéaste allemand Hans Richter ; New York (1915-1921), avec Duchamp (ready-mades), Picabia, Man Ray ; Berlin (1917-1923), avec R. Huelsenbeck, Georg Grosz (dessinateur et peintre), Raoul Hausmann (l'un des créateurs du photomontage, suivi par John Heartfield) ; Cologne (1919-1921), avec Arp, Max Ernst (aux collages inventifs) ; Hanovre avec Schwitters ; Paris (1920-1923), où dada connaît son apogée en tant que mouvement, avec Tzara, Picabia, Man Ray, André Breton – et sa fin avec la victoire de la dissidence du groupe surréaliste, lequel souhaite adjoindre à la révolte artistique une responsabilité morale à travers l'engagement politique.