communisme [kɔmynism] 

nom masculin

(de commun)

Doctrine prônant l'abolition de la propriété privée au profit de la propriété collective, et, notamment, la collectivisation des moyens de production et la répartition des biens de consommation selon les besoins de chacun ;

état correspondant de la société.

Le communisme, comme volonté de mettre en commun les biens, apparaît chez Platon. Cette idée est reprise au XVe s. par certains mouvements religieux et mise en application au Paraguay (1612-1767) par les jésuites. Le siècle des Lumières laïcise le communisme (Morelly, Code de la nature, 1755). L'idée portée par ces mouvements est que la propriété privée est source d'inégalité, donc d'injustice. Quand elle aura disparu, les divisions et les classes sociales s'effaceront. Tel est le programme de Gracchus Babeuf, pour lequel il crée une organisation secrète ; mais il est dénoncé et exécuté (1797).

Les débuts de l'ère industrielle.

Avec l'ère industrielle débute une floraison de théories communistes. Le premier qui fait une jonction entre théorie et organisation ouvrière est Karl Marx, qui, aidé de F. Engels, rédige le Manifeste du parti communiste (1848). À leurs yeux, ce ne sont pas les idées qui mènent le monde ; la religion, la philosophie, l'art sont déterminés par des rapports de force. Il existe une loi de ces rapports telle qu'ils finiront par donner lieu à une société sans classes grâce à un jeu dialectique de contradictions surmontées. Les aliénations religieuse, philosophique, politique disparaîtront grâce à l'abolition de l'État. Marx écrit alors le Capital et, en même temps, milite pour la constitution d'un parti international, l'Association internationale des travailleurs, dont le programme est la réalisation du communisme par la « dictature du prolétariat ». Le programme communiste est adopté par les partis politiques que se donnent les classes ouvrières en Allemagne (F. Lassalle), en France (J. Guesde), en Russie (Plekhanov, Lénine). Après l'échec de la Ire Internationale, le mouvement ouvrier fonde la IIe Internationale. Mais la Première Guerre mondiale marque la fin de la conception non centraliste du communisme international et pousse les leaders de la révolution russe d'octobre 1917 à constituer une IIIe Internationale (1919), dont ils prennent la tête.

Le « communisme réel ».

Cependant, les formes prises en URSS par la « dictature du prolétariat » sous l'impulsion de Staline, dès 1926, conduisent à des déportations et à des exécutions massives d'opposants, puis aux procès truqués des responsables politiques et militaires (1934-1938). Le mouvement communiste à l'extérieur de l'URSS subit une perversion irrémédiable, le stalinisme. Elle s'accompagne d'erreurs stratégiques, comme la lutte des communistes allemands contre les socialistes entre 1930 et 1933, le refus jusqu'en 1936 des « fronts populaires » en Espagne et en France, l'alliance de l'Union soviétique avec l'Allemagne nazie. La Résistance et la Libération donnent aux communistes de l'Europe occupée l'occasion de retrouver la force d'un grand idéal.

Après la défaite du Japon en 1945, les communistes l'emportent sur les nationalistes en Chine (1949). Mais l'Union soviétique, malgré les efforts de Khrouchtchev pour réaliser la « déstalinisation », reste marquée par le système totalitaire de sa vie politique (absence de toute liberté, élections truquées) et de sa vie économique (échec de la collectivisation, de la planification, etc.).

L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, en 1985, permet d'abord une nouvelle orientation du communisme, puis entraîne sa chute. Les partis communistes de tous les pays (Chine, Corée du Nord, Viêt Nam, Laos et Cuba exceptés), liés au destin du parti soviétique (interdit en 1991) et forgés à son image, s'effondrent dans les années 1985-1991. Par la suite, certains se transforment en partis réformistes (socialistes ou sociaux-démocrates) et retrouvent une place dans le jeu politique démocratique.