Saint Empire romain germanique

Empire fondé par Otton Ier le Grand (962) et comprenant à l'origine les royaumes de Germanie et d'Italie.

Il fut dissous en 1806. La région située à l'est du Rhône et de la Saône (Bourgogne puis Franche-Comté) demeure dans sa mouvance de 1032 au XVIIe s.

L'Empire et la papauté. Sacré empereur en 962, Otton Ier le Grand se veut l'héritier d'une antique tradition qui a survécu à la chute de l'Empire romain d'Occident (476 apr. J.-C.) et à la désagrégation de l'Empire carolingien au Xe s. Associant l'idéal de l'universalisme impérial à celui de l'unité chrétienne, les empereurs accentuent, jusqu'au milieu du XIe s., leur mainmise sur la papauté et font élire des papes à leur dévotion. Puis s'affirme le renouveau religieux inspiré du monachisme clunisien. Les papes entendent s'affranchir de la tutelle impériale. Les deux pouvoirs (les « deux glaives ») s'engagent alors dans une lutte acharnée pour la suprématie : querelle des Investitures (1076-1122), lutte du Sacerdoce et de l'Empire (1157-1250), à l'issue de laquelle l'Allemagne plonge dans l'anarchie du Grand Interrègne (1250-1273).

Les institutions. L'Empire n'a jamais été doté d'institutions centralisées ; seuls les princes, ecclésiastiques et laïques, exercent, dans les limites de leurs territoires, un pouvoir politique et un contrôle social réels. Le roi de Germanie (ou le « roi des Romains ») est élu par ses vassaux immédiats. Par la Bulle d'or (1356), Charles IV institue un collège de sept princes électeurs, véritables arbitres du pouvoir. Le pape accorde la couronne impériale au roi des Romains et, au Moyen Âge, nul ne lui conteste ce droit.

Le repli sur l'Allemagne et le déclin. L'expansion capétienne au XIVe s. et l'affranchissement des marches orientales du royaume d'Italie (XIVe-XVe s.) entraînent un repli de l'Empire sur le domaine germanique. À partir de 1438, il a presque toujours à sa tête un Habsbourg, chef de la maison d'Autriche. La Réforme et la guerre de Trente Ans (1618-1648) ruinent le Saint Empire, dont les traités de Westphalie (1648) sanctionnent le morcellement territorial et la division religieuse. Dans la seconde moitié du XVIIe s., l'Empire contient les derniers assauts des Ottomans en Europe orientale. Mais il se fait dépouiller de ses marches occidentales par Louis XIV. Il combat en vain l'ascension de la Prusse au XVIIIe s. Institution devenue désuète, l'Empire ne résiste pas aux conquêtes napoléoniennes et est aboli en 1806.