Religions. Rapidement détruites par la colonisation, elles ne nous sont connues que très incomplètement. De la civilisation olmèque établie au Mexique de 1500 à 500 av. J.-C., on sait que le culte y était centré autour d'un dieu félin (jaguar). Dans les cultures postérieures, celles de l'Empire maya en Amérique centrale (période classique : 250-950), de l'Empire aztèque en Méso-Amérique (1325-1520), de l'Empire inca dont l'expansion au Pérou date de 1435-1525, la religion rassemble des traditions locales autour d'un thème ordonnateur, comme le culte du Soleil (Inti) chez les Incas. Chez les Aztèques, celui-ci a été détruit à quatre reprises et c'est l'incessant renouvellement du sacrifice qui l'empêche de disparaître de nouveau. Mais cette civilisation possède une multitude de dieux dont chacun est affecté à une tâche précise d'assistance aux humains : Tlaloc est le dieu de la Pluie ; Huitzilopochtli, le « colibri de gauche », assure la victoire aux guerriers ; Xochipilli préside à la beauté, à l'amour, à l'éclat des fleurs ; Quetzalcóatl, le « serpent à plumes », est le dieu des Prêtres, des Arts et de la Pensée religieuse – il est l'une des divinités les plus importantes du panthéon aztèque et venait, à travers la culture toltèque, d'un monde beaucoup plus ancien, où il était le dieu de la Végétation et du Renouveau. Comme les autres populations amérindiennes, les Aztèques considéraient que le cosmos était perpétuellement menacé par l'épuisement de son énergie. C'est par là que se justifiait leur pratique des sacrifices humains, notamment pour la sauvegarde de leur cinquième soleil.
Préhistoire. Après l'évolution d'un paléolithique encore peu connu avec, notamment, une industrie lithique ingénieuse (pointes foliacées à cannelures), des peintures rupestres et des pétroglyphes (Brésil, Argentine, Chili, Équateur et Pérou), s'épanouit une culture de chasseurs-cueilleurs nomades.
À partir de 8000 avant notre ère, ils commencent à maîtriser l'agriculture (maïs, manioc, coton, et certains tubercules). Selon les régions, ce néolithique, avec passage à une économie de production, s'affirme lentement au fil des millénaires. Ainsi, v. − 5000, le maïs est cultivé au Mexique à Tehuacán, les ancêtres des lamas sont en voie de domestication v. − 5400 dans les Andes centrales où le tissage (filets de pêche en coton) se pratique v. − 3500. Autre caractéristique du néolithique, la céramique est fabriquée v. − 3500 en Colombie et aux alentours de − 2500 au Mexique. Certains traits culturels typiques du monde préhispanique (élévation de plates-formes supportant le temple) se rencontrent plus ou moins tôt : v. − 2500 sur la côte centrale du Pérou et v. − 1500 dans les hautes terres du Guatemala.
Les grandes civilisations. On les étudie à partir de leur répartition géographique : on parle d'aire culturelle. Ainsi la Méso-Amérique regroupe le Mexique et l'Amérique centrale au nord de l'isthme de Panama. Pour l'aire andine, on distingue le Nord, le Sud, le Centre et les bords de côtes (basses terres) des hauts plateaux (hautes terres). Le cadre chronologique se divise en trois longues périodes : le préclassique (200-250 apr. J.-C.) souvent dit aussi, dans le Sud, « formatif » ; le classique (250-950) et le postclassique (950-1500).
Peu à peu, les sociétés villageoises évoluent et, avec le IIe millénaire, se développent de grandes civilisations urbaines fortement hiérarchisées ayant pour principaux traits culturels : des religions et mythologies complexes ; des pratiques funéraires (dignitaires ensevelis sous certaines pyramides) ; de grandes métropoles (plusieurs dizaines de milliers d'habitants) organisées autour d'un centre cérémoniel à l'urbanisme strict (larges allées jalonnées de pyramides tronquées supportant le temple, jeux de balles qui participent à des rituels, quartiers résidentiels – palais de dignitaires et de prêtres – et, à la périphérie, habitat du peuple souvent fait d'adobe) ; un système d'irrigation très élaboré ; associée aux événements historiques, l'élévation de stèles couvertes de glyphes et de représentations qui mentionnent des repères chronologiques (en pays olmèque, l'une des plus anciennes dates retrouvées : 32 av. notre ère) ; des styles artistiques fortement différenciés, à l'iconographie inspirée par le panthéon religieux ; la pratique de la sculpture, de la céramique polychrome, de la peinture pariétale, du tissage textile ; l'ignorance, jusqu'à la conquête du fer, du bronze et de la roue.
Principales civilisations de la Méso-Amérique
Olmèques : probables créateurs, sur le continent américain, du premier système d'écriture, du calendrier. Apogée aux env. de 1200 av. notre ère. Leur influence s'étend jusqu'à Chavín au S.
Zapotèques : épanouissement entre le IIIe et le VIIIe s. avec pour centre cérémoniel Monte Albán.
Teotihuacán : apogée entre le IIIe et le VIIe s., la plus impressionnante des grandes cités dont l'influence se retrouve chez les Mayas.
Mayas : en plein essor entre la fin du VIe et le VIIIe s. avec pour centres principaux Copán, Chichén Itzá, Palenque, Tikal, Uxmal.
Toltèques : florissants aux alentours de l'an 1000, avec Tula pour centre principal.
Mixtèques : à l'apogée entre 900 et 1200, ils réutilisent la Mitla des Zapotèques.
Chichimèques : nomades, ils seront l'un des éléments déstabilisateurs de la région avant d'être très probablement le ferment de la culture aztèque, dite aussi « Mexica ».
Aztèques : leur hégémonie s'étend, à partir de 1325, depuis leur capitale Tenochtitlán (actuelle Mexico), jusqu'à la conquête espagnole, qui renverse leur empereur.
Principales civilisations de l'aire andine
Chavín de Huantar : florissant entre 1300 et 500 av. J.-C. avant de se diffuser très largement dans la région côtière du Pacifique.
Moche ou Mochica : dans la région côtière du Pérou ; apogée entre le IIIe et le VIIe s., renommée pour la qualité de sa céramique polychrome.
Tiahuanaco : centre d'une culture florissante entre 600 et 1000 qui connaît une très vaste expansion vers les Andes du Sud, l'Argentine et le Chili.
Chimú : sur la côte nord du Pérou en plein essor au XIVe s. ; la métropole Chanchán (20 km2), bâtie en adobe, a été conquise par les Incas.
Incas : leur empire, à son apogée au XVe s., établit son hégémonie sur une très vaste partie de la région andine jusqu'à la conquête espagnole et la défaite du dernier souverain, Atahualpa ; Cuzco, la forteresse de Sacsahuamán et Machu Picchu sont les plus importants vestiges incas.
